Bribes de souvenirs des Pâques de notre enfance…

Le 17 mars 2024

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Exemple

Bribes de souvenirs des Pâques de notre enfance…

À l’approche des fêtes de Pâques, nous relayons ici un article récent d’Edmond Herold, naturaliste et conteur alsacien.

Les rameaux aux souples rubans de papier de soie colorés, bénis lors de la grand-messe du Dimanche des Rameaux, piqués dans les jardins à l’heure du renouveau…

Le lavement des pieds du Jeudi Saint, où le rabbi, autrement dit le maître, lave les pieds de ses serviteurs, geste hautement symbolique, incompréhensible en notre société de désinvolture et d’arrogance…

Le triste jour du Vendredi Saint où nous écoutions avec émotion le récit de la Passion du Christ… Le chant du Coq à l’heure du reniement de Pierre… Le voile du temple qui se déchire… Les dernières paroles du Christ en Croix… Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font… Als Jesus nun den Essig genommen hatte, sprach er : Es ist vollbracht ! Und er neigte das Haupt und gab seinen Geist auf… (Johannes Evangelium).
Vendredi Saint, jour non forcément de jeûne strict mais où, dans nos familles, le régime maigre était de rigueur.Le jour de Pâques, la plus grande fête du calendrier liturgique chrétien où l’on célébrait – où l’on célèbre encore et toujours – la Résurrection du Christ, le passage de la mort à la Vie et la promesse de la Vie éternelle…

Il en est de même chez nos frères Juifs, pour qui Pâques est la plus grande fête religieuse de l’année. Pessa’h, qui signifie passage, commémore la sortie d’Égypte du peuple hébreu et le début de sa longue errance vers Canaan, la Terre promise. Écouter et lire la Haggadah de Pessa’h, autrement dit, le texte de l’Exode, lors du repas du Seder, la veille de Pâques, est non seulement hautement émouvant mais soude en étroite communion les convives d’une tablée.

Pâques… le retour des cloches de Rome… Pâques au jardin fleuri… la chasse aux œufs pondus par le Oschterhààs, le Lièvre de Pâques, notre regretté Capucin, victime collatérale des traitements intempestifs infligés à nos vertes campagnes par l’aveugle productivisme du temps des Trente prétendues Glorieuses… Le Oschterlammla, l’agneau pascal du petit déjeuner du jour de Pâques… Tout un symbole ! Les Oschtereier, œufs durs teints ou peints, certains artistiquement décorés… Resteront en ma mémoire ceux marqués du signe < Christos Anesti ! > – ce qui en langue orthodoxe slavonne signifie < Christ est ressuscité ! > – offerts par Anastasia, notre hôtesse belarusse, lors de notre périple à Berezinsky, en ces fascinantes contrées de la Berezina, si chahutées par les temps qui courent… Les Schlésselbliamla ou Hémmelsschléssala, Clefs du Royaume ou Clefs de Saint-Pierre, qui au temps de Pâques prospéraient sur les prés alentour du chalet de mes grands-parents et dont je ne me privais pas d’offrir des bouquets à ma grand-mère adorée…

Primevères de mes premiers printemps, ayant depuis déserté les lieux par excès de fumure, mais toujours vivaces en mon souvenir et promptes à enchanter mes rêves… Pâques… ce temps lumineux du renouveau après le long et obscur hiver, temps plein de promesses et riche des beaux jours à venir…

Que les enfants d’aujourd’hui n’ont-ils la chance que nous avons connue de voir devant eux un avenir radieux, porteur de joie et de bonheur… en place de ce que leur laisse en partage notre société matérialiste, défaite et brisée, qui pour trouver sa cohésion, voire un minimum de consensus, n’a d’autres perspectives à offrir que celles, tristes à mourir, de l’interruption volontaire de grossesse et de l’aide active à mourir. Avec en prime, planant au-dessus de la boîte de Pandore, le spectre mortifère de la guerre !

Pour nos jeunes, la pédagogie du bonheur et l’apprentissage de l’art d’aimer eussent été plus indiqués que cette sordide option de rejet de la Vie – solennellement gravée dans le marbre (sic)… excusez du peu ! – et, pour nos anciens, un grand et vrai projet d’aide à vivre, à vivre dignement leurs vieux jours, eût été autrement plus bénéfique que celui de les aider à mourir en catimini, une réalité qui n’ose dire son nom.

Envers et contre tout, je vous souhaite de joyeuses fêtes de Pâques.
Bon passage vers la Lumière à vous, mes chers amis !

Et que soient honnis ceux qui mal y pensent !

Edmond