Chers paroissiens,
Je voudrais vous partager quelques réflexions sur notre santé puisque ce dimanche est particulièrement consacré à ce thème. Nous avons l’habitude de distinguer les différents aspects de la personne humaine, le physique, la psychologie et la spiritualité. Cette distinction est précieuse mais peut également engendrer un morcellement du savoir et aboutir parfois à appréhender la santé physique indépendamment de la santé psychologique ou de la santé spirituelle. Ce tour d’esprit significatif de notre pensée moderne et occidentale gagnerait quelques fois à s’enrichir d’autres approches. A cet égard je voudrais vous partager très brièvement une figure de notre tradition chrétienne qui peut nous aider à parvenir à un regard unifié sur la personne et à jeter un éclairage quelque peu nouveau sur la question de la santé.
Il s’agit d’Hildegarde de Bingen. Elle a prophétisé cette médecine renouvelée bien avant la médecine moderne, avant les Lumières, avant Descartes, avant la Renaissance… laissant une œuvre immense, théologique, musicale, mais aussi et surtout médicale : sur ce thème, elle a bénéficié de visions et révélations depuis son plus jeune âge, ce qui est unique dans l’histoire. Entre 1151 et 1158, Hildegarde écrivit le “Livre de l’enseignement médical, les causes et les remèdes” à partir de révélations divines qui lui furent “dictées d’en Haut”.
Hildegarde insiste avec raison sur la prise en charge simultanée des différents plans constitutifs de l’être humain : le physique, le psychique et le spirituel. Toutes ces “parties” de notre être sont en interaction continuelle. Quand le corps va mal, le psychique aussi ; si le psychique va mal, notre “mauvaise humeur” gêne l’ascension de l’âme dans la contemplation et l’Union à Dieu. Enfin si l’âme spirituelle va mal (en état de péché), le corps ne saurait être parfaitement sain car la santé du corps est impossible sans la santé de l’âme.
L’abbesse nous fait apprécier les vertus ignorées de ce qui nous entoure : plantes, fruits, animaux, herbes, bois et pierres. Sa lecture nous dévoile des possibilités insoupçonnées, des pouvoirs secrets, lesquels sont devenus forts étrangers à notre monde où tout est d’avance conditionné, emballé, choisi, trié.
On s’aperçoit dans ces livres que la nature serait probablement encore de nos jours à redécouvrir, et l’écologie moderne elle-même aurait peut-être à y parfaire ses connaissances !
Le pape Benoît XVI ne s’y est pas trompé, la déclarant, en 2012 “sainte” et “prophète et docteur pour le 3e Millénaire”. Nous avons donc toutes les raisons de prendre ses titres en considération.
Fraternellement,
don Pascal Boulic, curé des paroisses Saint-Etienne et Sacré-Cœur de Mulhouse