Chers paroissiens,
Alors qu’il est question en France de légaliser l’euthanasie, je vous partage sur ce sujet grave une réflexion éclairante d’une femme médecin, qui avait donné un témoignage en 2014 ; je vous relaie également une proposition de soirée ciné-débat qui se tiendra le 28 mars prochain au Sacré-Cœur.
Fraternellement,
don Pascal Boulic, curé des paroisses Saint-Etienne et Sacré-Cœur de Mulhouse
« Je suis médecin. Au début de mes années de formation, j’ai travaillé comme infirmière en oncologie/hématologie pédiatrique. Comme médecin, j’ai travaillé en médecine interne (y compris dans les secteurs de gériatrie et d’oncologie), en hématologie et avec des malades du vih/sida, notamment en Afrique. Tout cela ne me rend nullement « experte » en matière de souffrance ; mais j’ai dû y affronter diverses formes de souffrance humaine : celle des patients, de leur famille et des équipes soignantes. (…)
Ceux qui soutiennent la législation de l’euthanasie le font le plus souvent au nom de la « compassion » face à la souffrance des malades et de leur « droit » de choisir la mort en y étant assistés par une équipe médicale qui en fournirait les moyens. (…)
L’euthanasie consiste en l’acte de donner la mort, accompli par un membre de l’équipe médicale, à la demande du patient. Il est clair qu’elle met fin effectivement à la souffrance, par un acte définitif et irréversible, puisqu’elle met fin à la vie. On ne devrait pas être surpris qu’un malade puisse, à certains moments ou même pendant une période prolongée, avoir envie de mourir. La maladie, la douleur, la souffrance, portent atteinte à la puissance de vie de l’être humain. Celui qui les subit s’en ressent diminué dans la force vitale qu’il porte en lui, en son autonomie et sa capacité d’action. Il y a une révolte contre la souffrance ou la maladie, qui est en elle-même une affirmation de la vie telle qu’elle devrait être : « Pourquoi donner à un malheureux la lumière, la vie à ceux qui ont l’amertume au cœur, qui aspirent à la mort sans qu’elle vienne ? » (Jb 3,20-21). Cette révolte demande à être écoutée, accueillie : puisque nul ne peut juger de la souffrance d’un autre, nul n’a le droit de la minimiser en voulant y apporter une réponse facile. Mais une vraie écoute accepte d’entendre à la fois la souffrance, parfois le désespoir, et l’affirmation de vie qui s’exprime dans le souhait même de la mort. Souvent, le simple fait d’être écouté, avec respect pour l’unicité de sa personne, même malade, et pour son expérience, — et donc pour sa dignité inaliénable de personne humaine — peut déjà être une réponse à la souffrance de se sentir « moins humain » du fait de la diminution des forces ou de la défiguration apportées par la maladie. L’euthanasie, au contraire, nie la valeur de la vie de la personne concernée, non seulement en affirmant que la mort lui est préférable, mais en se faisant l’acteur de cette mort. Elle se présente comme acte de « compassion », mais elle est tout le contraire.
Car la véritable « compassion » exige le temps, la patience de cheminer avec la personne malade, d’écouter sa douleur et sa révolte. Elle implique l’acceptation de notre propre impuissance face à la maladie et à la mort, de notre propre mortalité. Et elle demande, aux proches et aux soignants, d’écouter et d’accueillir la souffrance avec respect, en témoignant de la dignité de la personne malade par l’écoute, les actes et les paroles. L’euthanasie refuse cette compassion en posant un acte qui ne laisse plus de place pour l’écoute, pour l’évolution de la personne. Plutôt que d’affirmer l’humanité de l’autre en acceptant sa propre vulnérabilité, celui qui donne la mort se sépare de celui qui la subit, en lui apportant une « réponse » extérieure — celle de la mort.
Les raisons de demander l’euthanasie peuvent être plus ou moins nettes. La dépression n’est pas rare chez les personnes atteintes de maladie en phase terminale ou chronique. (…) La personne malade peut avoir l’impression qu’elle n’est pas aimée, qu’elle n’est plus digne d’être aimée. Il va sans dire que la réponse en de telles situations n’est pas de donner la mort, mais de soigner la dépression, d’apporter la présence humaine, l’attention et l’amour dont la personne a besoin. La famille et les proches ont un rôle privilégié en de telles circonstances ; l’équipe médicale doit être consciente qu’elle apporte au malade non seulement les soins professionnels, mais une présence, des paroles et des gestes, qui peuvent témoigner de façon discrète de l’humanité inaliénable du patient, du fait qu’il est et restera toujours digne d’amour. » (…)
Même quand de telles lois existent, restera toujours la liberté morale du médecin à qui la demande s’adresse. Un médecin confronté à une demande d’euthanasie peut et doit essayer de comprendre quelle est la douleur, la souffrance ou le désespoir qui motive cette demande, qui s’exprime par elle — et y porter remède autant qu’il peut. Ceci avec toutes les ressources des soins palliatifs, et toute la présence humaine des soignants ainsi que des proches. Si la demande est maintenue, le médecin peut et doit répondre doucement, respectueusement : qu’il est devenu médecin pour soigner, pour accompagner, pour servir la puissance de vie en chaque personne — et qu’il ne peut pas donner la mort. »
Extraits d’un article du Dr Rivka Karplus, paru en 2014 dans la Nouvelle Revue Théologique
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